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Claude Debussy

Achille-Claude Debussy plus communément connu sous le nom de Claude Debussy est un compositeur français né le 22 août 1862 à Saint Germain-en-Laye (Yvelines). Ses parents sont de condition modeste. Son père, Manuel-Achille, ancien militaire, et sa mère Victorine Manoury sont vendeurs de céramiques et de poteries. Claude se passionne très tôt pour la musique et rencontre par chance une ancienne élève de Frédéric Chopin, madame Antoinette Flore Mauté de Fleurville excellente pianiste qui accepte de lui donner des cours particuliers de piano. Progressant de manière significative, il peut intégrer le Conservatoire de Paris le 22 octobre 1872 à l’âge de 18 ans. Sur les cent cinquante-sept candidats, seuls trente-trois ont été retenus. Il est à souligner qu’il n’a fréquenté aucune école, ayant appris à lire, a écrire et à compter avec sa mère.


Le 3 août 1914, lorsque la guerre éclate, Debussy est un homme plongé dans un profond désarroi. Plusieurs soucis de santé provoquent dès cette période un ralentissement de sa production artistique. Il souffre d’un zona et commence à ressentir les douleurs d’un cancer du rectum détecté quelques années plus tôt. Dès les premiers jours de la déclaration de guerre, Claude Debussy confie dans un courrier à son éditeur Jacques Durant son angoisse face « aux jours d’affolement » 

(1)Âgé de 52 ans, le célèbre musicien ne peut être mobilisé, l’âge des réservistes étant fixé à 48 ans. Cependant, il déplore de ne pouvoir porter l’uniforme malgré « son manque de sang froid » et d’ « esprit militaire » 

(2) propos qu’il écrira également à son éditeur dans un courrier. Il décide de s’engager vers une croisade intellectuelle envers l’ennemi.


Un rejet temporaire de la musique


Devant l’avancée des Allemands vers la capitale française fin août, les Parisiens s’alarment et nombre d’entre eux prennent la route de l’exil. La famille Debussy obtient le 4 septembre un laisser-passer pour Angers, le voyage en train est épuisant et rude mais durant celui-ci, Claude Debussy, confiné dans un wagon, compose sur le document fourni par les chemins de fer ses Études pour les notes répétées éditées en juin 1916 au sein de ses Douze études pour Piano.Regrettant Paris, le musicien décide d’y revenir au début de l’automne 1914 après un séjour d’un mois à Angers. Sa santé se dégrade. Mais il souhaite revoir les œuvres de Chopin pour les éditions Durand. Ce qu'il fait. Ce travail ne lui déplait pas, lui permet tant d’oublier momentanément  son mal être.En ce début du conflit, de nombreux morts sont à déplorer, Debussy en est très affecté, ne rit plus. Il confie à Jacques Durand, son intention d’abandonner la composition de son œuvre Le Palais du Silence. Dans une lettre, il lui en révèle les raisons. Il refuse en effet que ne soit jouée cette musique « avant que le sort de la France ne soit décidé, car elle ne peut ni rire, ni pleurer, pendant que tant des nôtres se font casser héroïquement la figure » 

(3).Dans une lettre adressée au compositeur et chef d’orchestre français André Caplet (1878-1925), Claude Debussy Debussy dévoile ses sentiments sur les épouvantables catastrophes qui ébranlent l’Europe au milieu de l’année 1914 : « Avec ou sans patriotisme, la guerre c’est du désordre accumulé. J’ai horreur du désordre, donc : je n’aime pas la guerre […] »

(4).En novembre 1914, afin de rendre hommage à Sa Majesté le roi Albert 1er de Belgique et pour faire honneur au comportement héroïque de ses combattants pendant les premiers jours du conflit, le musicien consent à la demande du romancier Hall Caine à l’écriture d’une Berceuse héroïque, pour piano, puis pour orchestre en décembre 1914. Cette œuvre doit être publiée dans un livre, en trois langues, édité par le Daily Telegaph qui regroupe des œuvres d’écrivains comme Anatole France ou de compositeurs comme Camille Saint-Saëns. Cette berceuse est mélancolique, effacée, les trompettes évoquent les combats, il y intègre quelques fragments de l’hymne nationale belge La Brabançonne.En mars 1915, sa mère décède, Claude Debussy souffre de dépression, rejette la musique et se désole de la montée d’une certaine forme d’utilitarisme musical.« Pour la musique, j’avoue avoir été des mois à ne plus savoir ce que c’était ;  le son familier du piano m’était devenue odieux ».Cependant son rejet sera de courte durée puisqu’il se remet à l’œuvre en avril 1915. Malgré son antipathie pour la musique allemande, il accepte de retravailler les œuvres de Jean Sebastien Bach pour les éditions Durand, en stipulant toutefois à son éditeur que ce travail pour lui à été « décevant »


Anti-germanisme et nationalisme


Au début du conflit, Debussy regrette de ne pouvoir prendre les armes pour défendre la France. Il sombre dans l’anti-germanisme. Ses propos sont non seulement haineux, exagérés mais aussi violents, il écrit  en août 1914 à Jacques Durand : « Depuis que l’on a nettoyé Paris de tous ses métèques, soit en les fusillant, soit en les expulsant, c’est immédiatement devenu un endroit charmant. Et l’on y rencontre vraiment plus que le minimum de mufles ! […] . » (5) Debussy exagère les faits car à cette période, il n'y a d'exécution mais à travers ces mots on comprend que sa haine de l'Allemand se traduit par des envies de meurtre qui demeurent inassouvies, ne pouvant participer physiquement à la guerre.La haine meurtrière de Debussy face à l’ennemi est omniprésente et son nationalisme exacerbé, le pousse à l’excès dans ses pensées, ses actes et son travail.Un courrier à un ami témoigne de son état d’écorché vif : « Le fait brutal de descendre un boche doit contenir un apaisement?  Ils sont si bêtement malfaisants »Le 11 mars 1915, il signe un article très engagé dans L’Intransigeant intitulé « Enfin seul » : « En fait depuis Rameau, nous n’avons plus de tradition nettement française. Sa mort a rompu le fil d’Ariane qui nous guidait au labyrinthe du passé. Depuis nous avons cessé de cultiver notre jardin, mais par contre, nous avons serré la main des commis-voyageurs du monde entier. Nous avons écouté respectueusement leurs boniments et acheté leur camelote. Nous avons rougi de nos précieuses qualités dés qu’ils se sont avisés d’en sourire. Nous avons demandé pardon à l’univers de notre goût pour la clarté légère et nous avons entonné une chorale à la gloire de la profondeur. Nous avons adopté les procédés d’écriture les plus construites à notre esprit, les outrances de langage les moins compatibles avec notre pensée : nous avons subi les surcharges d’orchestre […] et nous étions à la veille de signer des naturalisations bien plus suspectes encore lorsque le canon demande bruyamment la parole. […] Aujourd’hui que d’exaltent toutes les vertus de notre race, la victoire doit rendre aux artistes le sens de la pureté et de la noblesse du sang français »


Un compositeur prolifique


Malgré la guerre et la maladie l’engagement de Claude Debussy prend plusieurs formes. En septembre et octobre 1916, à son retour de villégiature près du bassin d’Arcachon, nombreuses sont les pièces que la guerre lui inspire. Après la Berceuse héroïque, la pièce pour l’œuvre du Vêtement du blessé  et l’Élégie, il compose Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon à la fin de l’hiver 1917 sur un texte de Baudelaire.Il décide aussi d’orchestrer le Noël des enfants qui n’ont plus de maison. Cette œuvre jouée au profit des soldats aveugles et des prisonniers de guerre  remporte un grand succès populaire bien que le célèbre musicien la qualifie de « racoleuse ». Il confie au compositeur français Paul Dukas : « Vous voyez ça d’ici : la maman est morte, papa est à la guerre ; nous n’avons plus de petits sabots ; nous aimons mieux du pain que des joujoux ; et pour conclure : « La victoire aux enfants de France ». Ça n’est pas plus malin que ça ! Seulement, ça entre tout droit dans le cœur des citadins. » (6)De même qu’il composera entre 1916 et 1917 la Sonate pour violon et piano. Une sonate qui est interprétée lors d’un concert donné au bénéfice du Foyer du soldat aveugle, assistance aux blessés des yeux de la Grande Guerre. C’est aussi avec cette œuvre que le compositeur fera sa dernière apparition en public à Biarritz au mois de septembre 1917.Au cours des derniers mois de 1918, Debussy garde la chambre et s’alite le plus souvent, au point qu’il n’est plus envisageable de le descendre à la cave lors d’un bombardement durant lequel il meurt le 25 mars 1918 au 24 square du Bois de Boulogne dans le 16e arrondissement de la Capitale , à l’âge de 55 ans.Il est, dans un pemier temps, inhumé au cimentier du Père-Lachaise sans discours et sous les tirs des obus. Désormais, après avoir été déplacé, il repose au cimentière de Passy dans le 16e arrondissement avec sa femme Emma et sa fille Chouchou.


(1) Correspondances, p.1841. Lettre de Debussy Jacques Durand, 3 août 1914.(2) Ibidem.

(3) Correspondances, p. 1852. Lettre de Debussy à Jacques Durand, 9 octobre 1914.

(4) Correspondances, p. 1851. Lettre de Debussy à André Caplet, 1er octobre 1914.

(5) Cor., p. 1843-1944. Lettre de Debussy Jacques Durand, 18 août 1914.

(6) Cor., p. 2093. Lettre de Debussy à Paul Dukas, début avril 1917.









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