L’îlot de l’Île: du Cloître Notre-Dame à la Cité des Consciences

Propos recueillis par Pascal Payen-Appenzeller

Située dans une ancienne maison de chanoines, la Cité des Consciences accueille un espace de rencontres et de séminaires. Entretien avec les fondateurs.

Aurélie Chalbos et Antoine Jeangeot, vous êtes les fondateurs de la Cité des Consciences, un centre d’accompagnement au cœur du Vieux Paris sur l’Île de la Cité, dans une ancienne maison de chanoines de Notre-Dame de Paris dont vous avez transformé les écuries… Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la vocation de ce lieu aujourd’hui ?

La Cité des Consciences (1) a pour vocation d’offrir, au cœur de Paris, un espace de transmission et de partage libre au service du Vivant, avec des témoins engagés à la fois dans le monde et sur leur chemin intérieur, afin d’inspirer un nouvel art de vivre ensemble en meilleure harmonie avec les enjeux de notre époque. Le dialogue ouvert entre toutes les traditions, avec les rencontres entre des scientifiques, des mystiques, des thérapeutes, des artistes, des théologiens, des philosophes… permet l’étude, la pratique et la transmission des sagesses du monde. Ce lieu avant-gardiste est une invitation à questionner la spiritualité d’aujourd’hui, au-delà des dogmes, en mêlant nos interrogations fondamentales en résonance avec les évènements d’actualité pour donner sens à la traversée des épreuves individuelles et collectives.

En quoi l’histoire de ce lieu sacré et de cette maison de chanoines, dont une partie était encore la chapelle Saint-Aignan il y a plusieurs siècles, influence la Cité des Consciences, en écho avec ses activités ?

Construite sur une ancienne partie de la Chapelle Saint-Aignan et dans le rayonnement cosmo-tellurique de Notre-Dame de Paris, cette ancienne maison de chanoines est le lieu idéal pour donner vie à la Cité des Consciences, qui réveille également le sacré de cet espace. Haut lieu de prières et de méditations depuis des siècles, il offre une synergie idéale entre sa vocation initiale, notre vision et les rencontres proposées, dans un échange vertueux qui se révèle et s’affine avec le temps et les nouveaux projets. C’est un espace de rencontres et de transmission pour accueillir les femmes et les hommes en quête de reliance à cette dimension la plus essentielle, vivante et intime du cœur.

Aujourd’hui, quelles activités y sont concrètement proposées ?

Cette ruche humaine accueille des séminaires de toutes traditions, des cours hebdomadaires, des expositions, des concerts, des formations, de l’accompagnement, de la thérapie, du coaching professionnel, des cercles de parole… Au cœur de cet espace sacré, le temps d’une soirée, d’un atelier ou d’un stage, dans l’ouverture à l’autre et le respect des différences, chacun peut se laisser inspirer par une proposition de rencontre pour avancer et mettre ses talents au service du Vivant. L’intention des intervenants, des artistes, des conférenciers invités à la Cité des Consciences n’est pas de prêcher une vérité mais, par l’intensité de leur présence et la sincérité de leur témoignage, de partager leur propre expérience intérieure, leur message essentiel, ce qui les anime pour inspirer à chacun l’action juste sur son « propre » chemin intérieur. Que ce soit par la méditation, le Qi Gong, le Yoga, la musique, le chant, la danse, le massage énergétique, la dégustation de thé, les contes traditionnels, le théâtre, le tango… toutes ces pratiques et arts sacrés ne sont qu’un prétexte pour tisser des ponts et s’ouvrir à l’expérience intérieure, afin de contribuer ensemble à éveiller les consciences au cœur du grand virage de notre humanité.

Quelle a été la genèse de cette aventure ?

Devenus coachs professionnels et thérapeutes, après une carrière d’ingénieurs dans l’aérospatial, nous étions régulièrement amenés à accompagner des équipes de direction, des entrepreneurs, des dirigeants, des porteurs de projets, des étudiants... Au sein de leur propre structure, cet accompagnement ne contribuait pas suffisamment à les sortir de leur cadre, de leurs habitudes, de leurs schémas limitants et ne facilitait pas toujours un changement de paradigme dans l’espoir d’une transformation profonde et durable. D’où notre intention initiale de créer notre propre lieu d’accompagnement de dirigeants vers un leadership conscient de notre responsabilité envers la Vie, quel que soit le domaine d’activité et la fonction, à la fois pour mieux répondre aux multiples enjeux humains, écologiques et spirituels actuels, et surtout pour se mettre pleinement au service de sa mission, de sa fonction, de sa tâche individuelle, son « mandat céleste »…

Comment percevez-vous votre mission avec la Cité des Consciences ?

Par une succession d’intuitions et de synchronicités étonnantes, ce lieu en jachère depuis des décennies a fini par se dévoiler et nous a trouvé. Le « local à louer » du 24 rue Chanoinesse, dans les anciennes écuries de cette maison de chanoines de Notre-Dame a conquis notre cœur, avec beaucoup d’imagination vu son état de l’époque : sombre, froid, humide, de la terre battue au sol, de vieilles poutres rongées par le temps au plafond et le reste des pierres de la construction de la cathédrale Notre-Dame pour seuls murs. Les quelques mois de travaux prévus initialement pour réhabiliter le lieu se sont vite transformés en une succession de surprises dans la structure même de l’immeuble, rallongeant de plus de deux ans la rénovation de ce local – renforcement des fondations, soutènement du mur porteur de l’immeuble, remplacement d’une partie des poutres, coffrages, étanchéité, etc. – en collaboration avec les propriétaires et les monuments historiques.

Quel impact ont eu ces multiples imprévus sur votre projet initial ?

Ce temps imprévu offerts par les travaux, notre cheminement intérieur et la rencontre avec les fondateurs de l’Université À Ciel Ouvert ont grandement bouleversé notre première intention… Par la création d’une association indépendante poursuivant une mission commune d’éveiller un art de vivre relié à l’essentiel, ouvert à toutes les traditions spirituelles, redonner à ce lieu sa vocation originelle de temple sacré au cœur de la ville est devenu une évidence. En 2019, après trois ans de travaux, d’attente, de transformations intérieures et de maturation du projet, la Cité des Consciences était née !

C’est une œuvre bien différente de votre intention initiale avec de fortes conséquences sur plusieurs plans j’imagine ?

Tout d’abord des conséquences personnelles, par une évolution et une adaptation de nos pratiques et de notre communication à un public beaucoup plus large et de tous horizons. Des conséquences économiques aussi, car cette attente imprévue et ce virage important dans les activités proposées à la Cité des Consciences ont impliqué un retour sur investissement avec une bien plus grande inertie que nos prévisions budgétaires initiales, accentuée par le contexte particulier depuis 2020 ! Bien sûr, nous aurions toujours pu simplement louer à bon prix ce lieu attractif au cœur du vieux Paris à de riches consultants, formateurs et confrères, pour récupérer rapidement notre investissement… L’appel intérieur et impérieux de proposer un espace sacré, porteur d’un message d’ouverture et de transparence, guidé par une recherche exigeante d’authenticité, grâce à des activités accessibles au plus grand nombre, voire offertes en libre donation, nous guide toujours profondément aujourd’hui.

Dans le contexte actuel, il faut de la persévérance pour poursuivre un tel projet…

En effet... Nous avions déjà démarré l’aventure en ouvrant une première partie de la Cité des Consciences juste à côté du centre actuel (une annexe fermée aujourd’hui) le jour de l’incendie de Notre-Dame ! Puis, après les premiers mois de démarrage, la crise générale nous a contraint à mettre les activités en présentiel en suspens pendant de nombreux mois, tout en continuant à assumer les charges du lieu, sans aide de l’état pour ce type d’activité. La suite fut une succession de perpétuelles adaptations, parfois au jour le jour, selon l’évolution des mesures… rien de tel pour apprendre à vivre vraiment dans l’instant présent et incarner son propre message en cohérence !

Cette adaptation et cette agilité permanente vous ont justement permis de créer un média en ligne, dans le prolongement des rencontres à la Cité des Consciences, en libre donation ?

L’équipe de la Cité des Consciences anime en effet le site de la chaîne À Ciel Ouvert TV, média libre, offert et indépendant, proposant un espace de parole authentique sur Internet, dans une alchimie de contenus accessibles en permanence et d’évènements en direct, où la technologie est mise au service de la transmission et de l’actualisation des sagesses. Initié en 2020 par la mise en ligne de quelques archives et de rencontres en direct pour pallier à la fermeture du lieu au public durant les premiers confinements, la chaîne compte aujourd’hui plus de deux cents vidéos et diffuse chaque semaine de nouveaux témoignages. Toutes ces paroles de sagesses, rencontres, cercles de partages, reportages au cœur du Vivant, concerts, spectacles inspirants et films engagés témoignent d’une autre manière de vivre ensemble. Dans une époque de grandes transformations aux sollicitations parfois bruyantes, ces dernières années nous ont révélé l’importance de ces graines semées par des voix discrètes et authentiques afin qu’elles tombent en terre fertile, dans un échange vertueux pour cultiver l’espérance. À son tour, chacun peut contribuer et soutenir financièrement cette aventure, nous permettant ainsi de rester accessible à tous, de poursuivre en toute confiance la diffusion de ces paroles essentielles et de tisser de nouveaux projets.

Et après la diffusion de ces précieux témoignages en vidéo sur Internet, vous élargissez son rayonnement à la rentrée avec l’édition papier de livres ?

Nous publions à partir de cet automne les trois premiers volumes de la série « Le Cercle des Vivants » en collaboration avec les éditions L’Originel – Charles Antoni, un recueil de témoignages intimes et vivifiants destinés à inspirer un regard créateur sur notre époque de grandes transformations. Issue des rencontres publiées sur À Ciel Ouvert TV, cette sélection partage les moments essentiels de ces entretiens avec des êtres engagés dans la révolution silencieuse au service du Vivant. Le temps d’une soirée, chaque invité peut exprimer librement ce qui le rend vivant et lui donne foi dans l’avenir de l’humanité. Cette sélection s’ouvre en novembre avec Annick de Souzenelle, Jean-Philippe de Tonnac et Marguerite Kardos, puis d’autres triptyques remarquables suivront chaque trimestre.

Dans la droite lignée du modèle en donation libre d’À Ciel Ouvert TV, je crois que vous entretenez le rêve, pas si secret, d’une Cité des Consciences accessible à tous ?

Oui, comme dans les temps anciens depuis les Sumériens où tout habitant de la cité pouvait librement accéder au temple et y trouver un espace d’accueil, de connaissance et de soin, nous souhaitons poser à partir de la rentrée les fondations d’une Cité des Consciences capable d’accueillir chaque chercheur en quête de cet essentiel, sans que ses moyens financiers soient un frein à son chemin d’évolution et de transformation intérieure. Pour cela, nous souhaitons créer dès que possible un fond de dotation associé à la Cité des Consciences et ses partenaires, permettant grâce à ses mécènes de financer majoritairement le fonctionnement du lieu et permettre ainsi à tous ceux qui en ont besoin à accéder aux cours, aux ateliers, aux stages, aux accompagnements… par une libre donation, tout en permettant à l’équipe de la Cité des Consciences de poursuivre en toute confiance sa tâche de tisserands de l’invisible au service du Vivant.

D’autres projets ou désirs ardents à incarner pour cette année ?

Toujours de nombreux projets en effet, à l’écoute des inspirations, en adaptation avec les moyens disponibles et en co-création avec les potentialités offertes par les rencontres et les talents de l’équipe. Dès la rentrée, nous proposons de nouveaux formats de cercles et d’ateliers, de reportages et de publications pour semer des graines dans les cœurs. Notamment, le Cercle de l’imaginal, un espace de rencontres entre conteurs et musiciens, et des ateliers de Tango sacré pour conscientiser la dynamique relationnelle. Dès janvier 2023, nous inaugurons l’Université des Consciences, un nouveau cycle de formation et d’accompagnement inspiré par les traditions vivantes, tissant des ponts entre sciences et sagesses.

Et comment peut-on vous soutenir dans vos actions ?

Tout d’abord en diffusant largement ce message à tous ceux qui sont susceptibles de résonner avec la vision de ce lieu, de ses activités et de ses intervenants. Puis en faisant un don à l’association de la Cité des Consciences pour soutenir les projets et la vie du lieu. Nous cherchons également des mécènes susceptibles d’aider le financement des projets d’envergure, comme certains reportages, documentaires ou films, par la création et le fonctionnement d’un fond de dotation. Enfin, ceux qui sentent l’appel peuvent également s’engager dans le fonctionnement de l’association en rejoignant l’équipe, sur place à Paris ou à distance.

L’histoire du lieu

Avant la Révolution, cinquante-deux chanoines (nombre accrédité par les archives) habitent les cloîtres dont l’une des portes se trouve proche du 24, rue Chanoinesse. Cet enclos de trente-sept maisons principales a partiellement été sauvé de la démolition et conservé sa voirie, grâce au départ forcé du baron Haussmann en 1869. Car son intention était d’achever son opération d’effacement, maisons et voiries, autour de Notre-Dame. Les chanoines perdirent leurs prérogatives de grands électeurs lorsque François Ier s’assura la prérogative de nomination des hiérarques de l’église. Leurs revenus furent progressivement grignotés. Plus tard, Talleyrand et Mirabeau nationalisant les biens ecclésiastiques, ils furent privés du trésor et perdirent la propriété des immeubles. La maison qui nous intéresse date du xvie siècle. La cour communique avec l’auberge à l’enseigne Au Vieux Paris dont la grille sur rue date du xviiie siècle. À chaque décès d’un chanoine, les biens du défunt faisaient l’objet d’enchères très disputées. D’où la subsistance de quelques parcelles de l’enclos canonial. Jusqu’il y a peu, les chanoines qui prient pour la France depuis la Cathédrale, bénéficiaires ou titulaires, habitaient l’immeuble moderne du 10 rue du Cloître-Notre-Dame.

Les fondateurs

Thérapeutes et coachs professionnels, anciennement ingénieurs dans l’aérospatial et le médical, dirigeants et fondateurs de la Cité des Consciences, Aurélie Chalbos et Antoine Jeangeot accompagnent notamment par la psycho-énergétique chinoise, le Qi Gong, la méditation, et le tango sacré, la transformation individuelle et systémique des organisations humaines. Poussés par le contexte actuel à éveiller un regard créateur sur notre époque en offrant des témoignages et des rencontres inspirantes avec des êtres engagés au service du Vivant, ils ont fondé le média À Ciel Ouvert TV pour accompagner les cheminements intérieurs grâce aux sciences et sagesses ancestrales.

Chiffres clés

La Cité des Consciences, c’est un lieu d’accompagnement au cœur de Paris ouvert depuis 2019 avec : 420 événements organisés en trois ans, dont des stages et soirées retransmises en direct ; 550 adhérents pour les cours et stages et 8 000 abonnés au média À Ciel Ouvert TV en libre donation ; 250 vidéos en ligne, reportages, rencontres et 150 interviews ; 3 week-ends de forums thématiques en direct en partenariat avec l’Université À Ciel Ouvert, & À Ciel Ouvert Paris, et une rencontre à Assise avec les Chemins de Shanti ; 1 film documentaire sur les éco-lieux, « Vivre, tout simplement » tourné sur six mois en partenariat avec la Coopérative Oasis ; 1 film sur le sacre épiscopal d’un évêque orthodoxe occidental, en partenariat avec l’Église catholique orthodoxe de France ; 5 expositions d’artistes peintres et photographes ; 1 publication trimestrielle d’une série de 3 livres d’entretiens du Cercle des Vivants, en partenariat avec les éditions L’Originel – Charles Antoni, à partir de novembre 2022.

Programme

Pour découvrir le programme des rencontres, des cours, des stages à la Cité des Consciences, participer à l’aventure, soutenir les projets et la vie du lieu, rendez-vous sur : lacitedesconsciences.fr –info@lacitedesconsciences.fr – tél. : 06 61 36 23 98. Pour devenir mécène, soutenir par un don ou un legs défiscalisé, la mise à disposition d’un lieu d’accueil en résonance pour des séminaires à Paris et en région parisienne, contacter directement Aurélie Chalbos :  aurelie.chalbos@lacitedesconsciences.fr – tél. : 06 30 21 64 79.