top of page

La saga du Paris Saint-Germain

L’année 2020 aura été marquée par la célébration du demi-siècle du Paris Saint-Germain FC, équipe la plus titrée de l’histoire. La pandémie a malheureusement freiné les festivités du club qui fait la fierté d’une grande partie des Parisiens, donnant lieu à de nombreux articles dans la presse. Mais en dehors du recrutement des joueurs, qui fait couler beaucoup d’encre, toute une histoire s’est créée depuis sa fondation le 12 août 1970.

Klervi Le Collen


L’histoire du football est très ancienne et prend racine dans les jeux de balle. La soule médiévale, jouée dans plusieurs pays européens, est violente et anarchique. C’est au cours du xixe siècle que cette pratique se structure réellement comme un sport collectif avec des règles et des compétitions. Les premiers clubs apparaissent en Angleterre. Il faut unifier les règles, publier les « Laws of the Game » (« Lois du jeu ») ce qui n’est pas une tâche aisée. Le foot s’exporte notamment grâce aux échanges universitaires. La pratique professionnelle apparaît dès 1885 en Grande-Bretagne et, rapidement, toutes les capitales du monde veulent leur équipe.


Les origines sangermanoises

Le 21 mai 1904, à Paris, plusieurs pays se réunissent. Les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, le Danemark, la Suisse, l’Espagne créent avec la France au 229 rue Saint-Honoré, la Fédération internationale de football association (FIFA) qui donne naissance en 1930 à la coupe du monde, l’une des plus grandes compétitions sportives internationales.

Le mois suivant, on fête l’inauguration du Stade Saint-Germain au Camp des Loges. Son ascension sera prestigieuse. Dans un premier temps en 1re division de l’USFSA (qui fonde la FIFA), l’équipe affronte tour à tour les meilleures équipes amatrices (voire professionnelles, comme en 1935 avec Metz) et participe régulièrement à la Coupe de France, atteignant en 1962 les 16e de finale puis en 1969 les quarts de finale.


Des débuts compliqués

Du côté de Paris, plusieurs initiatives visent à créer un club professionnel qui représenterait la capitale. Le Racing Club de France en 1966 et le Stade Français en 1968 sont potentiellement candidats. En 1969, c’est au tour du Paris Football Club de se porter volontaire. Mais les autorisations pour jouer en 1re division sont difficiles à obtenir et finalement, en 1970, le Stade saint-germanois fusionne par un vote à mains levées avec le Paris FC. Le nouveau club prend le nom de Paris Saint-Germain FC. La progression est fulgurante, passant de la 3e à sa création à la 1re division en 1972.

Pour des raisons politiques et économiques, le nouveau club doit rejoindre le Parc des Princes. Situé dans le 16e arrondissement, ce stade existe depuis 1897 mais a subi de nombreuses transformations qui s’achèvent en 1972 (1).

Si, historiquement, la direction souhaite conserver le nom de « Saint-Germain », il faut faire évoluer le club afin de recevoir les financements locaux et donc l’inscrire dans une toute nouvelle stratégie, plus parisienne. Les équipes du Cercle athlétique de Montreuil rejoignent le jeune club rapidement. Ainsi, malgré de nombreux désaccords, les fondations se mettent peu à peu en place. Mais en 1972, le club est scindé en deux : le Paris FC garde le statut professionnel et se domicilie au Parc des Princes alors que le PSG évolue en 4e division en s’entraînant au stade sangermanois Georges Lefèvre. En 1974, le Paris FC est relégué en 2e division, tandis que le PSG le remplacera bientôt, à nouveau au Parc des Princes.


L’ère Hechter

Lorsqu’en 1973 le PSG est promu en 2e division, il lui faut trouver de nouveaux financements. Le couturier Daniel Hechter intervient et reprend le PSG en main. Il dispose d’un réseau d’amis important. La plupart viennent du show-business : Francis Borelli, Jean-Paul Belmondo… On les surnomme le « gang des chemises roses ».

Un conflit éclate alors entre Henri Patrelle, qui dirige alors le PSG, et Hechter qui s’est vu attribuer des responsabilités. Ce dernier redessine le maillot et amène les « bleus et rouges » à la victoire à de nombreuses reprises. Les joueurs deviennent des stars que l’on suit à la télé : Jean-Pierre Dogliani, François M’Pelé et l’entraîneur Jean-Michel Larqué… Mais Daniel Hechter est reconnu coupable dans le scandale financier touchant la billetterie et doit quitter la présidence en 1978.


De victoires en victoires avec Francis Borelli

Vice-président du club, Francis Borelli reprend la tête du club à la démission du couturier. Toujours dans la continuité de l’ère Hechter, Borelli va d’exploits en exploits. Le PSG remporte la Coupe de France en 1982 et en 1983. Pas moins de 49 575 spectateurs assistent, au Parc des Princes, au match de Coupe d’Europe des vainqueurs des coupes contre les Belges de Waterschei. L’équipe finit championne de France, pour la première fois de son histoire, en 1985-1986, notamment grâce au gardien Joël Bats et au milieu de terrain et capitaine Luis Fernandez.

Le départ de plusieurs joueurs, dont Fernandez au Matra Racing, ne permettra pas à l’équipe de réitérer ses exploits. La méthode Borelli, qui avait fait ses preuves, s’épuise dans les années 1990.


Canal+ et Colony Capital

Jacques Chirac alors maire de Paris souhaite trouver une solution et un rachat par un média français. Il trouve un accord avec Canal+ qui investit à hauteur de 40% dans la nouvelle société. Michel Denisot, Pierre Lescure er Bernard Brochand sont aux rênes de l’équipe parisienne qui fait venir d’excellents joueurs comme le Brésilien Ricardo ou David Ginola. La remontée est difficile mais la saison 1993-1994 prouve que le PSG peut à nouveau devenir champion de France. En 1995, d’autres joueurs sont engagés parmi lesquels Youri Djorkaeff et Patrice Loko. L’année suivante, le club remporte la Coupe des coupes grâce à la remobilisation des troupes soutenues par le tennisman Yannick Noah.

En 1998, Charles Biétry remplace Michel Denisot. La nouvelle stratégie a du mal à fonctionner et les résultats sont décevants. Après une remontée lors de la saison suivante, de nouveaux joueurs sont recrutés, dont Nicolas Anelka. Ce projet nommé « PSG Banlieue » coûte cher à Canal+ et les résultats sont peu convaincants. À l’été 2001, Canal+ augmente ses parts et détient désormais 90,8% de l’entreprise. Le média dépense une fortune pour récupérer de grands joueurs comme José Aloisio, Gabriel Heinze et surtout Ronaldinho.

Les résultats escomptés ne sont pas à la hauteur et plusieurs joueurs sont « échangés » ou renvoyés. Le bilan sportif et financier de la saison 2002-2003 est catastrophique. Les années qui suivent sont semées de défaites que compensent mal de rares victoires.

Face à ces difficultés économiques et sportives, le média revend le club à parts égales au fonds d’investissement américain Colony Capital, à la société française d’investissement Butler Capital Partners (qui revendra rapidement ses parts à Colony Capital) et à la banque américaine Morgan Stanley. Alain Cayzac est nommé président du club. La stratégie est de miser sur la stabilité de l’équipe en opérant quelques ajustements. Mais le bilan général reste décevant et les nouveaux dirigeants ne parviennent pas à étoffer le palmarès. En 2010-2011, le plan « Tous PSG » vise à maintenir la sécurité dans les gradins face aux violences lors des matchs. Il n’est pas rare que les supporters s’affrontent, un décès étant même à déplorer lors d’une rixe entre supporters.


L’ambition de QSI

En 2011, le Qatar Sports Investments (QSI) souhaite investir dans le PSG. Les enjeux sont importants puisqu’il veut faire du club l’un des plus importants au monde. Ambitieux, il n’hésite pas à dépenser des fortunes afin de s’attacher les meilleurs mais aussi les plus chers joueurs au monde. Plus de 100 millions d’euros sont notamment consacrés au recrutement de l’été 2011. Le président Al-Khelaïfi cherche de nouveaux talents, de « futurs Messi ». Ainsi, Javier Pastore signe pour 42 millions d’euros, ce qui représente un record dans le « rachat » d’un joueur en France.

Avec de tels investissements, QSI rachète les parts restantes à Colony Capital et à Butler Capital Partners, devenant dès mars 2012 le seul propriétaire du club parisien. En 2012, de nombreux transferts sont conclus : le Suédois Zlatan Ibrahimović rejoint l’équipe pour 21 millions d’euros et le Brésilien Thiago Silva pour le double. Puis l’arrivée remarquée de David Beckham ajoute une touche glamour au mercato…

L’ambition stratégique offre au PSG un rayonnement à l’international. En 2013, l’équipe se qualifie pour les quarts de finale de la Ligue des champions. En 2015, 2016, 2018 et 2020, elle remporte la Ligue 1, la Coupe de France, la Coupe de la Ligue et le Trophée des champions. Malgré quelques échecs, le nombre de spectateurs et de supporters progresse. Les transferts sont suivis de près et les investissements du Qatar à la hauteur des ambitions.

Le Brésilien Neymar signe en 2017 pour 222 millions d’euros. Son arrivée s’inscrit dans la volonté de s’affirmer sur le plan médiatique. En 2019, l’ancien joueur et ex-dirigeant Leonardo revient en tant que directeur sportif. Les victoires s’enchaînent malgré quelques défaites et une période marquée par la Covid. L’anniversaire des dix ans du rachat par QSI est couronné de succès et la politique novatrice du président Al-Khelaïfi marquée par des mercatos impressionnants.


Le temps des stars

Qu’il semble loin l’hymne officiel « Allez Paris » chanté par Annie Cordy en 1971 ! L’histoire du PSG montre que le foot s’est « peopolisé ». Désormais des « pointures » augmentent la popularité du club en France et à l’étranger. Les enjeux économiques sont aussi au cœur de la problématique des actionnaires.

Le PSG devient, grâce aux investissements du Qatar, le quatrième club le plus riche au monde, avec 500 millions d’euros de recette. Son président est considéré comme l’une des personnalités les plus influentes du sport, avec plus de vingt-sept trophées glanés sous son mandat.


Le maillot

Les premiers maillots sont réalisés par Le Coq sportif. Le couturier Daniel Hechter redessine le maillot en 1973. RTL, Fly Emirates, Adidas, Nike et même Dior (en 2021) deviennent sponsor, équipementier ou partenaire. Depuis 2019, c’est Accor Live Limitless qui marque les maillots dont les couleurs historiques demeurent le rouge et le bleu de Paris ainsi que le blanc de la ville royale de Saint-Germain. Régulièrement, le maillot fait l’objet de débat sur des modifications, mais peu d’entre elles sont acceptées. Finalement, si l’équipe a porté des maillots aux motifs différents, c’est celui historique d’Hechter qui est, depuis 2020, redevenu le maillot officiel.


Histoire du logo

Le logo marque les valeurs d’une marque. Au fur et à mesure des années, le PSG est devenu une véritable entreprise qui communique énormément et ne néglige pas l’aspect marketing, source de revenus. Ce logo a certes évolué mais a toujours gardé le même esprit et des codes similaires. Le premier symbole a été construit autour d’un ballon bleu aux coutures blanches. Après la scission du Paris FC, le PSG a utilisé son propre logo. Pratiquement toujours rond, il a été dessiné avec des symboles forts, en forme de ballon et avec les couleurs bleu, blanc et rouge. Dès 1970, un cercle enserrait sur fond bleu une Tour Eiffel rouge. Détail étonnant : entre les pieds de la tour, un berceau d’enfant et une fleur de lys étaient dessinés, allusions à la royauté puisque Louis XIV était né en 1638 à Saint-Germain. La période 1992-1996 marque une parenthèse dans le concept puisque le logo devient rectangulaire et s’inspire de celui de Canal+, alors propriétaire du club. Mais sous la pression des fans, l’écusson revient à ses symboles d’origine. Depuis 2013-2014, un nouveau logo orne le maillot des joueurs. QSI l’a modernisé et a supprimé le berceau, en gardant une partie des codes historiques.



Quelques chiffres

9 Coupes de la Ligue ;10 Championnats de France ;10 Trophées des champions ;13 Coupes de France ;17 présidents ;29 entraîneurs ;482 joueurs (de 173 nationalités différentes) ;2 520 matchs.

Recent Posts

See All

Teschen

Intégré au royaume de Bohème depuis le quatorzième siècle, et passé par lui aux Habsbourg, l’ancien duché de Teschen voit s’opposer deux...

Disposition traite de Versailles

Les modifications territoriales envisagées par le traité de Versailles sont rassemblées dans la partie III, “Clauses politiques...

Prusse orientale

La décision d’organiser des plébiscites en Prusse-Orientale a été prise par les Grands à l’initiative du premier ministre britannique...

Comments


bottom of page