1er arrondissement
Les jardins du Palais Royal ne s’offrent pas. Cachés par la Comédie Française, le Conseil d’État et le ministère de la Culture, ils se laissent lentement apprivoiser. On ne peut y pénétrer qu’en empruntant des passages dérobés. Vous pouvez choisir d’y entrer par les rues de Montpensier, de Beaujolais ou de Valois. À peine arrivé sous les arcades, vous serez surpris par le tumulte des oiseaux ... comme si tous s’étaient donné rendez-vous dans cette enclave secrète. Jean-Paul Gourévitch
Il n’y a jamais beaucoup d’agitation dans ce rectangle paysagé de deux hectares. Autour du bassin, les gens lisent un journal ou ferment les yeux en écoutant le clapotis du jet d’eau. Non loin d’eux, à l’ombre des tilleuls, les enfants tapent dans un ballon et les joueurs de pétanque s’affrontent. La présence des antiquaires et des boutiques de philatélie fait affluer les souvenirs de la grande et de la petite histoire. Que ce lieu ait connu le prestige du pouvoir le rend précieux.
Spectacles et divertissements
En 1627, Richelieu y fait bâtir un palais d’une grande magnificence qu’il offre à Louis XIII. Son successeur, Louis XIV, en fait cadeau au duc d’Orléans. Le Palais-Royal deviendra l’un des points névralgiques de la Révolution. Le 12 juillet 1789, devant le café de Foy qui fermera en 1863, le jeune avocat Camille Desmoulins saute sur une table et, l’épée dans une main, le pistolet dans l’autre, une cocarde verte piquée à son chapeau, exhorte la foule rassemblée dans les jardins à prendre les armes. Il en a oublié son bégaiement.Durant le xviiie siècle, les maisons de jeux et de rendez-vous y ont proliféré : un théâtre à ciel ouvert capable de rivaliser avec les deux prestigieuses salles de spectacles – la Comédie Française et le Théâtre du Palais Royal – qui, aujourd’hui, ne désemplissent pas. L’été, quand le soleil s’attarde, le parfum des fleurs devient plus enveloppant. Aux terrasses des cafés, les flâneurs oublient qu’ils se trouvent au cœur d’une capitale à l’activité trépidante
Un décor unique
Colette et Jean Cocteau, qui ont habité à quelques pas l’un de l’autre, constataient que leur quartier avait les allures d’un village dont le centre aurait été le restaurant Le Grand Véfour. Difficile de ne pas penser à eux lorsqu’on déambule dans ce décor. D’autant que deux allées portent leurs noms. Ainsi que des « confidents » disséminés entre les pelouses et les massifs. Dédiés à la poésie, ces sièges réalisés d’après leur modèle historique par le sculpteur québécois Michel Goulet permettent de converser en quinconce ou d’écouter l’enregistrement d’un poème en plaçant des écouteurs sur un boitier…Mais le Palais-Royal, c’est aussi le présent et l’installation de jeunes créateurs qui, dans les vitrines de leurs magasins, proposent des gants, des bijoux, des parfums, des objets et des vêtements originaux et raffinés. Ce sont également des manifestations éphémères et festives qui, d’année en année, attirent les nouvelles générations.
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