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Roger Vercel


Le thème de La Grande Guerre été le sujet le plus important de la littérature mondiale du vingtième siècle, de nombreux écrivains-soldats tels que Maurice Genevois (Ceux de Verdun), Ernest Hemingway (À l’ouest rien de nouveau) Gabriel Chevalier (La Peur) Ernst Jünger (Journal de guerre) et  Roger Vercel avec son célèbre roman historique Capitaine Conan etc. y ont laissé  de une multitude d’ouvrages sur cette triste période. Les œuvres inspirées de ce conflit la fois moderne, industriel, et inhumain s’illustrent par leur authenticité poignante due indéniablement au fait que ces écrivains ont été mobilisés et connus les horreurs de cette guerre.


Roger Vercel s’inspire de ses souvenirs de guerre pour écrire quelques-uns de ses premiers livres : Notre père Trajan, Capitaine Conan et Léna. Capitaine Conan occupe une place importante au sein de ses œuvres. En effet le 10 décembre 1934, Roger Vercel âgé de 40 ans obtient le prix Goncourt pour ce roman traitant notamment de la camaraderie militaire, de ces combattants particuliers qui composaient les Corps francs bien différents de ceux que l'on appelait les Poilus.Le quotidien breton Ouest-Éclair avec qui il collabore régulièrement se félicite de son prix : « Roger Vercel, notre éminent collaborateur obtient le Prix Goncourt 1934. Place Gallon, à Paris, à deux pas des grands boulevards. Une façade bleue pastel s’estompe dans la brume ; c’est celle du restaurant Drouant où chaque année, le jury du prix Goncourt tient avant un déjeuner, dont le menu traditionnel est devenu légendaire, ses assises littéraires. Sur la place calme un peu plus de monde que d’habitude. Deux képis d’agents, quelques motos. Et, rangé le long du trottoir, le grand car de reportage radiophonique rouge et crème de L’Intransigeant. Devant le tambour d’entrée, deux chasseurs accueillent discrètement les arrivants ; par un escalier étroit ou par un ascenseur plus étroit encore, on gagne le premier étage où se trouve le salon dans lequel vont déjeuner les « Dix », et celui réservé à la presse […] Midi vingt, midi vingt deux; et tout d’un coup, dans l’encadrement de la porte, M. Roland Dorgelès paraît. On fait cercle autour de lui. De sa voix claire, il annonce : “ Messieurs, le Prix Goncourt a été décerné au premier tour à M. Roger Vercel auteur du Capitaine Conan”. »


Aussitôt le Lauréat du Prix Goncourt annonce: « Je pars à l’instant pour Rennes où je vais aller dire à l’Ouest-Éclair combien je suis heureux du succès que reçoit mon héros, le Capitaine Conan. Car, ne l’oubliez pas, il est Breton, lui aussi, et c’est à lui que doivent revenir les premiers lauriers que m’octroient les juges du Prix Goncourt. » (1)À la question :  « Mais, dites-moi Conan a t-il existé ? » Roger Vercel répond : « Certainement ; c’était un terrible petit gaillard qu’il fallait saisir à deux à la sortie des dancing pour l’empêcher d’aller se battre avec les policiers de Bucarest. D’ailleurs dans ce récit, sont exacts, non seulement les faits mais encore les détails. »


Conan ce héros


Alimenté par son expérience personnelle l’écrivain situe l’intrigue de son roman semi-auto biographique sur le front d’Orient, le front des Balkans au bord d’une forêt du Danube en Roumanie au moment des derniers combats en 1918 et juste après l’Armistice. Un front quasiment méconnu.D’abord  lieutenant puis capitaine, Conan est un Breton costaud, râblé, spécialiste des coups de main, de la guérilla et officier d’un prestigieux “corps franc“ composé de solides soldats volontaires la plupart, sortis de prisons militaires, choisis pour les missions les plus périlleuses. Ces enfants terribles de la guerre opèrent souvent la nuit tombée pour capturer des prisonniers, détruire les nids de mitrailleuses ennemis, se battre au corps à corps dans les tranchées ennemies. Envoyés en Roumanie, les hommes de Conan, plongés dans l’inaction, bénéficient de repos assez prolongés les incitant à commettre des actes répréhensibles, ils semant le désordre, pillant et tuant parfois.

Photo 3

Ami du Capitaine Conan, le lieutenant Norbert nommé commissaire rapporteur au conseil de Guerre prend connaissance de certains méfaits impliquant indirectement le chef des corps francs. Norbert fera son devoir. Les deux amis s’opposent se séparent, se retrouvent. Conan se moque royalement des règlements, ses hommes sont sacrés. Il fait abstraction des mensonges, des faux et d’actes condamnables pour les tirer d’affaires. En bon chef, il défend ses hommes envers et contre tout au motif de leur courage. Norbert a pour devoir de les traduire devant le conseil de guerre et de les faire condamner,. Mais refusant de trahir son ami lorsque Conan prend la défense d’un jeune soldat qui doit être fusillé pour désertion, le lieutenant Norbert préfère abandonner son nouveau poste …En 1996, le réalisateur Bertrand Tavernier adapte au cinéma ce livre de Roger Vercel. Le film, Capitaine Conan, sort en France le 16 octobre 1996 et au Canada le 11 avril 1997, avec dans la distribution Philippe Torreton (Capitaine Conan) et Samuel Le Bihan (lieutenant Norbert).Ce film est primé en 1996 et obtient deux César : celui du meilleur réalisateur (Bertrand Tavernier) et meilleur acteur (Philippe Torreton).


La Grande Guerre de Vercel


Si Capitaine Conan a connu un franc succès auprès du public français, il ne faut pas oublier que sans le livre de Roger Vercel, il n'y aurait jamais eu de film ! En effet, son auteur s’est inspiré de son vécu de la Grande Guerre. Il est né Roger Delphin Auguste Crétin le 8 janvier 1894 au Mans. Son père décédé deux après sa naissance, il est élevé par sa mère. Il prend le nom “Roger Vercel“ qui  par décret du 25 septembre 1936 devient son patronyme officiel. Il suit des études de lettres à l’université de Caen-Normandie. En 1914, lorsque la guerre éclate, il est mobilisé et affecté compte tenu de sa mauvaise vue dans les services sanitaires sur les champs de bataille du Nord et de l’Est de la France. Sa mission de brancardier est d’évacuer les blessés vers une structure de soins. Il risque sa vie à maintes reprises sur la ligne de front de l’Yser, de Champagne. Il est notamment blessé au bras gauche et gazé à l’ypérite (2) ou gaz moutarde en Argonne ce qui le handicape pour le reste de sa vie. Grâce à ses actes de bravoure, il est titulaire d’une citation et décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Après sa convalescence en juillet 1917, Il rentre à Saint-Cyr afin de suivre une formation d’élève officier car l’armée manque de gradés, il en sort aspirant. Il termine la guerre sur le front d’Orient  en Roumanie, chargé de propagande puis magistrat instructeur à la prévôté (3).


Roger Vercel décoré de la médaille commémorative de Roumanie sera démobilisé en octobre 1919 bien après l’armistice.En 1920, il est nommé sous-lieutenant, termine ses études et obtient une licence de lettres. Souffrant irrémédiablement des poumons, sur la recommandation de son médecin, il obtient un poste de professeur de français pendant vingt-et-un ans au collège municipal de Dinan, ville de Bretagne au climat océanique. C’est dans cette cité médiévale qu’il passe le reste de sa vie. Il épouse une Bretonne qui donne naissance à deux enfants Simone et Jean. Roger Vercel s’éteint à Dinan, le 26 février 1957, à l’âge de 63 ans, d’une pleurite, conséquence de son intoxication à l’ypérite pendant la Grande Guerre.



(1) Source : Éditions les deux sœurs.(2) Composé chimique cytologique et vésicant qui peut former de grandes vésicules sur la peau exposée.(3) Formation de gendarmerie placée sous le commandement d’un prévôt, chargée de la police d’une caserne ou d’une armée en campagne, qui exerce, en outre, une juridiction sur les forces françaises en territoire étranger.

 

 

Extraits de presse après la remise du Prix Goncourt en 1934


« Les Goncourt ont, cette année, accordé leur prix à l'auteur d'un livre de guerre et à un ancien combattant. Si étonnant que cela soit. Ils ont fait un choix excellent, approuvé par un presse unanime ce qui n'arrive pas si souvent ! Cependant les qualités littéraires d'un ouvrage peuvent très bien envelopper une pensée dont la valeur documentaire et psychologique serait discutable. Et, quand on parle de guerre, on peut exprimer sur elle des pensées originales et brillantes qui plairont à des académiciens. Mais il arrive qu'elles font rigoler ou se fâcher des anciens combattants. Capitaine Conan ne sera pas discuté par eux. Il recueillera ainsi tous les sffrages : ceux des spécialistes que nous sommes et ceux des autres !  Tout a été dit déjà sur la personnalité de l'auteur qui, professeur de l'enseignement secondaire en Bretagne, avait été, et c'est surtout ce qui nous intéresse, fantassin avant l'Armistice et rapporteur près du Conseil de guerre dans les mois qui siuvirent. Roger Vercel a lui-même raconté comment s'était formé en lui l'idée de ce livre. le 11 novembre 1931, il se promenait dans les bois, le long de la Rance. » (Maurice Randoux, Journal des mutilés et Combattants, 16 décembre 1934).« Le Prix Goncourt vient de couronner Capitaine Conan et avec lui, l'œuvre entière de Roger Vercel. tant mieux. Ce choix est un soulagement pour tous ceux qui sont entichés des meilleurs traditions, pour tous les « vieux croûtons » qui s'obstinent à penser que la clarté des idées et la beauté de la langue demeurent la richesse somptueuse et la marque véritable de talent. […] Les « Goncourt », une fois de plus, ont choisi sagement, parmi les meilleurs, un homme qui n'est ni un insolite, ni un insolent. Roger Vercel, nourri de la plus belle et de la plus forte des cultures, ne se fie qu'à elle, qui n'est que mesure, équilibre et clarté, elle, qui ne saurait violer ni le goût, ni la raison, elle qui vomit le style symbolard et rejette avec dégoût tout bafouillage. Voilà pourquoi Roger Vercel est un conteur merveilleux. voilà pourquoi Capitaine Conan nous tient en haleine de la première page à la dernière. La vie y garde sa force, le drame son affiramation. ici les personnages ne bavardent pas : ils parlent jsute, dans un climat juste. Et l'action s'enlève magistralement comme un pur-sang sur l'obstacle. […] Certains reprochent aux  «Goncourt » d'avoir choisi une habileté plus qu'un écrivain. le reproche me semble injuste et singulièrement. Oui, Vercel est habile, mais il sait écrire, composer, arranger. Ses dialogues sont magnifiques de vie, de profondeur, de vérité. Or, pour un romancier, l'art véritable, n'est-ce pas, précisément, tout cela ? » (Millier, Adam la revue de l'homme, 15 janvier 1935).« Le prix Goncourt a été attribué à l'Académie des  dix à M. roger Vercel, professeur au collède de Dinan, pour son roman, Capitaine Conan […] L'Académie Goncourt a couronné un grand roman, mais un  roman que les libraires catholiques ne mettront pas en vitrine et que les familes n'introduiront pas dans leur bibliothèque. » (Le Petit Courrier de la Charente, Journal Républicain, 16 décembre 1934)

 

ENCADRÉ 2 + Photo 5 à mordre sur l'encadré


Il a donné son nom à deux collèges


Une dizaine de rues en France portent le nom de Roger Vercel, principalement en Bretagne notamment à Cancale, Dinan, Dinard, Pontivy, Saint Brieuc et Saint Malo.Deux collèges ont également son nom, à Dinan et au Mans.Il existe aussi une plaque commémorative rue Chalgrin dans le 16e arrondissement de Paris où il vécut.

 

 
 
 

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